Partout dans le monde, les changements climatiques sont déjà visibles et s’intensifient. Les risques sont nombreux, notamment face aux événements météorologiques extrêmes, dont plusieurs s’amplifient. Cette dérive climatique perturbera les écosystèmes naturels et les sociétés qui se sont développées sur le climat stable des derniers siècles. Déjà, le rehaussement marin et l’action accrue des vagues endommagent les côtes, les canicules de plus en plus sévères menacent les populations vulnérables, le pergélisol se dégrade, les inondations et les sécheresses inhabituelles se répercutent sur l’économie. Quoique la réduction de l’émission des gaz à effet de serre permettra de limiter l’ampleur des impacts, il faudra aussi s’accoutumer à cette nouvelle réalité climatique. D’où la nécessité de viser l’adaptation. De plus en plus, les ingénieurs conçoivent des infrastructures adaptées ou plus soutenues, dans certains pays les résidants des villes plantent des arbres destinés à réduire la chaleur, les agriculteurs combattent de nouvelles épidémies d’insectes, les usagers revoient leur manière de s’approvisionner en eau potable, etc. Tout cela en en guise d’adaptation face aux nouvelles réalités climatiques.

Mais, qu’en est-il de la réalité de l’espace caribéen par rapport à ces changements drastiques du climat?

Au sein de la Caraïbe, nous vivons ces phénomènes avec beaucoup plus de vulnérabilité par le fait de notre position géographique. Et, d’autres facteurs d’ordre socio-économiques rentrent aussi en ligne de compte. Selon Joan Norville, coordinatrice du programme de Gestion de la Biodiversité et des Écosystèmes (OECO), « Les onze États membres de l’OECO dépendent des ressources biologiques des écosystèmes de la région pour leur bien-être économique et social. » Ce qui prouve que ces ressources sont importantes, cependant elles sont vulnérables aux aléas climatiques. Une raison de plus de voir la nécessité de s’adapter aux changements climatiques dans la zone caribéenne, et aussi par le fait qu’elle se localise dans un couloir cyclonique.

Cependant, face aux tous ces risques que peut-on faire réellement? Doit-on rester inactif face à ces dangers potentiels?

Pascal Saffache, professeur à l’Université des Antilles de la Guyane réagit ainsi, « On est un peu dans une dynamique où on pense qu’on a le temps, c’est dans le futur. Le problème c’est que c’est maintenant si on veut que dans 20 ans ou dans 30 ans on ait des résultats très concrets. »

Ainsi, s’adapter pour nous autres caribéens sous-entend quelque part à renforcer notre capacité de résilience. Et, l’une des façons d’y parvenir, c’est d’investir dans les solutions fondées sur la nature telle la restauration des récifs coralliens, la protection de l’écosystème marin, la plantation de mangrove. Et, en ce sens le coordinateur de l’unité changements climatiques souligne que « Si nous pouvons garantir que nos systèmes naturels fonctionnent de manière optimale, nous serons dans une situation où ceux-ci pourront mieux faire face aux défis posés par les changements climatiques. »

De plus, nos actions ne peuvent toutefois remplacer les systèmes naturels, mais elles sont très importantes. C’est le cas du Conseil de Saint Lucia National Trust, de Sainte Lucie, qui propose une solution fondé sur la nature en action. Vincent Clarke, l’un de ses membres explique, « Nous avons une pépinière de mangrove à Makote où nous produisons nos propres semences et nous restaurons ensuite des zones qui ont besoin d’un appui dans nos forêts de mangrove. » Et, la restauration de mangrove protège cette zone tampon naturelle contre les ondes de tempête, crée de la nourriture pour les poissons, renforce la capacité d’adaptation des communautés, notamment les plus vulnérables.

Plus loin, dans un pays comme Haïti, par rapport aux risques d’inondations, de sécheresses et de l’engorgement des sols, les autorités ont proposé à un certain moment, quelques solutions, qui nous paraissent combien intéressantes. Nous pouvons citer entre autres, la promotion des sous-filières à fort potentiels pour la sécurité alimentaire, le développement des industries de transformation et de conservation, l’utilisation d’énergies renouvelables et la méthode d’exploitation résilientes dans les activités des petits paysans.

Donc, s’adapter pour nous autres caribéens, revient à développer une certaine capacité de résilience pouvant nous aider à vivre ces nouvelles réalités climatiques.

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